Il y a cette inversion nom – prénom sur le billet de bon matin. Et ce détail n’en n’est pas un. Il y a ce retard, redouté. Et cette correspondance, forcément ratée. Il y a cette attente. Cette détente. Cette inconnue assise à ma droite qui me parle de sa sinusite, puis de sa vie, très vite. Il y a ce siège qui ne veut s’incliner, ces 7 heures d’envolée, et cet acolyte d’accoudoir qui dort sur mon épaule, comme un loir. Puis il y a cet homme sorti de nulle part qui me propose son siège pour fermer un œil, ou deux. Une heure, ou deux.

Il y a cette gentillesse omniprésente. Cette bienveillance, contre toute attente. Il y a cette diversité de vies qui m’entoure. Et j’aimerais demander à chacun le pourquoi du comment. Questionner chacun sur sa vie du moment. Il y a cette sensation indescriptible de légèreté. Cette intemporalité. Ce sentiment familier, cette familiarité – appelez cela comme vous voulez – que je ne saurai expliquer. Comprendra qui voudra, qui pourra. Et il y a ce changement de langue qui s’opère, et bientôt la perte de tout repère.

Je l’aime tant ce rendez-vous,

Ce tête-à-tête,
Avec l’imprévu, la découverte ;
Comme l’inconnu qui vient à vous.